Le blog
Le blog des éditions Baudelaire vous propose une catégorie Nos séries. De leur côté, certains romans proposent également des romans feuilletons. Savez-vous comment les romans feuilletons sont nés ? Comment ils sont construits ? Quels auteurs en écrivent ?
La presse quotidienne (ou presse à grand tirage) tient un rôle très important au XIXe siècle. Elle naît d’abord en Angleterre, puis en France. Plusieurs tentatives d’essais précoces sont mises en place pour produire des périodiques à moindre coût. En 1929, alors que la Grande Dépression éclate, Charles Knight – éditeur et auteur anglais – est bien déterminé à s’enrichir. Il décide alors de vendre son journal à bas coût, afin que les gens modestes puissent l’acheter au même titre que les classes aisées. C’est alors qu’est fondé le Penny Magazine, vendu pour quelques pennys. Charles Knight finance ce projet grâce à la publicité ; il est l’un des premiers à la monnayer.
En France, Émile de Girardin a bien l’intention de démocratiser l’accès à la lecture. En 1936, il fonde La Presse ; l’abonnement se fait de façon annuelle, au prix de 40 francs de l’époque. Or, cela ne couvre pas la totalité des dépenses d’impression. Ces 40 francs attirent donc des clients, mais il se sert également de la publicité pour en tirer des bénéfices. Si le succès de La Presse est immédiat, de Girardin tient toutefois à fidéliser sa clientèle sur le long terme.
C’est alors qu’il choisit de publier les premiers romans-feuilletons. Il s’agit de romans rédigés par des écrivains – parfois déjà connus du grand public –, parmi lesquels on compte notamment Honoré de Balzac. Ces différents romans sont découpés en extraits, et ces derniers sont publiés chronologiquement et périodiquement (chaque jour ou chaque semaine) dans un même journal. Les lecteurs, friands de connaître la suite réservée à leurs héros favoris, se hâtent donc de se procurer le numéro suivant de leur gazette. D’ailleurs, c’est par ce procédé qu’est publié le roman La Comtesse de Salisbury d’Alexandre Dumas par La Presse, de juillet à septembre 1936. Émile Zola fait également paraître plusieurs tomes des Rougon-Macquart par ce moyen.
Si certains romans sont rédigés intégralement avant publication dans un journal, d’autres sont écrits au fur et à mesure. Certains auteurs sont donc engagés par les directeurs de publication, et l’intrigue de leur histoire se développe au fil des parutions. L’auteur s’adapte alors à son public : si l’histoire rencontre un certain succès, il poursuit son développement. En revanche, s’il constate que le roman rencontre moins de succès que prévu, alors le directeur du journal peut demander à l’écrivain de mettre fin à l’histoire de manière précipitée, créant ainsi la surprise auprès des lecteurs.
Le roman-feuilleton connaît un engouement immédiat : à l’époque, tous les quotidiens se mettent à en publier. Aujourd’hui, on peut affirmer que les romans feuilletons contriburont à la démocratisation de la littérature, qui était jusqu’alors réservée aux classes les plus aisées.
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