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Depuis l’apparition des réseaux sociaux, l’utilisation d’un pseudonyme est devenue monnaie courante. Chacun peut en utiliser un s’il le souhaite. Mais cette pratique est loin d’être nouvelle, et trouve ses origines dans la littérature. À l’époque, on le nomme « nom de plume ». De nombreux auteurs en ont utilisé un au cours des siècles. Revenons à présent sur les plus célèbres d’entre eux.
Cet auteur Russe naturalisé Français est le seul écrivain à avoir reçu deux fois le prestigieux prix Goncourt, bien que ce dernier ne puisse être attribué qu’une seule fois à un même auteur au cours de sa vie. La raison ? Si Les Racines du ciel est paru sous son nom d’usage, son second roman primé, La Vie devant soi, a été publié sous le pseudonyme d’Émile Ajar. Or, l’Académie Goncourt n’avait pas connaissance de cette information en 1975.
Souhaitant aller au bout de sa farce, Romain Gary élabore un plan pour que son identité ne soit pas découverte : c’est son petit-cousin, Paul Pavlowitch, qui reconnaît publiquement être l’auteur des ouvrages publiés par Émile Ajar. L’identité de l’écrivain caché derrière ce pseudonyme n’a donc jamais été révélée de son vivant.
En décembre 1985, deux jours avant son suicide, Romain Gary dépose chez son avocat un manuscrit, dans lequel il explique pourquoi avoir utilisé deux identités différentes et qui s’achève par la phrase suivante : « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci. »
Si on vous dit Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, ça vous dit quelque chose ? Non ? C’est tout à fait normal, car vous devez la connaître sous un autre nom, bien plus célèbre : celui de George Sand. Le prénom George tire son étymologie du grec, et signifie « celui qui travaille à la terre ». L’écrivaine désire ainsi rendre hommage au Berry, une province historique de la France où elle passe une grande partie de son enfance avant de s’y installer définitivement en 1953.
En choisissant ce nom de plume, elle espère ainsi semer le trouble concernant son sexe et son identité, et augmenter ainsi ses chances d’être publiée dans un milieu réservé aux hommes. D’ailleurs, vous ne le saviez peut-être pas, mais elle est la première femme à pouvoir vivre de sa plume !
En prenant un nom d’homme pour pseudonyme, elle lança une mode : après elle, Marie d’Agoult publia sous le nom de Daniel Stern, tandis que Delphine de Girardin devint Charles de Launay.
Partons maintenant pour l’Italie des années 1950, avec la célèbre saga L’amie prodigieuse publiée en quatre tomes parus entre 2011 et 2014. Aujourd’hui, l’identité de son autrice reste encore un mystère… Si les quatre romans sont signés Elena Ferrante, la personne derrière ce nom tient absolument à garder son anonymat. Mais c’est sans compter sur la curiosité accrue de ses lecteurs.
Dans un article publié en octobre 2016 simultanément dans plusieurs médias nationaux (Mediapart, Il Sole 24 Ore, The New York Review Of Book et Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung), le journaliste Claudio Gatti déclare avoir percé le mystère. Il fait le lien entre les sommes perçues par la maison d’édition d’Elena Ferrante, E/O, et celles que cette dernière aurait ensuite versées la même année à Anita Raja, une traductrice italienne. Les lecteurs semblent également convaincus que le style d’écriture du roman – supposé autobiographique – ne peut être que celui d’une femme.
Mais l’université de Padoue a également mené l’enquête de son côté, et en a tiré des conclusions pour le moins surprenantes. Grâce à une analyse scientifique comparant les textes d’Elena Ferrante avec un corpus de cent cinquante ouvrages rédigés par des auteurs italiens, elle attribue la paternité de L’amie prodigieuse au journaliste et écrivain Domenico Starnone. Neuf méthodes différentes ont été utilisées pour parvenir à cette conclusion.
Et devinez quoi ? Domenico Starnone n’est autre que l’époux d’Anita Raja ! À ce jour, aucun d’eux n’a confirmé ou démenti ces rumeurs…
Une chose est sûre : les auteurs célèbres qui usent d’un pseudonyme n’ont pas fini de faire couler de l’encre…
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