4 conseils pour donner du caractère à votre prose

4 conseils pour donner du caractère à votre prose

Écrire, ce n’est pas seulement aligner des mots les uns à la suite des autres pour raconter une histoire. Un bon écrivain est un artisan du verbe : il joue avec toute la richesse du langage, sa musicalité, son rythme, sa polysémie et ses subtilités pour élaborer une prose singulière et tenir ses lecteurs en haleine. Une intrigue passionnante ou un témoignage bouleversant perdent tout leur impact s’ils sont écrits dans un style d’écriture monotone. Il faut bien l’admettre, à moins que vous ne soyez Marcel Proust ou Gustave Flaubert, il y a peu de chance que vous parveniez à séduire votre lectorat avec des paragraphes descriptifs interminables ou des phrases à rallonge.

Cette semaine, les Éditions Baudelaire vous accompagnent dans vos créations littéraires et partagent avec vous 4 conseils pour donner du caractère à votre prose.

1.      Jouer sur la longueur des phrases

Comme nous l’évoquions à l’instant, la longueur des phrases a une forte incidence sur le rythme du texte. Une phrase trop longue et complexe risque de diluer l’idée qu’elle porte, et ainsi perdre votre lecteur.

Si à la lecture, le sujet d’une phrase n’est pas immédiatement définissable ou si la structure syntaxique donne lieu à des ambiguïtés, il y a de fortes chances pour que votre texte soit indigeste.

Même des phrases intelligibles et bien construites peuvent susciter l’ennui si elles manquent de rythme. Pour ce faire vous pouvez :

  • Jouer sur les respirations, créez des « accidents » syntaxiques,
  • Alterner la longueur de vos phrases pour donner du relief à votre texte,
  • Créer une expérience de lecture agréable.

Pour illustrer ces propos, prenons un exemple :

Cette phrase fait cinq mots. Voilà quatre autres mots. Jusqu’ici, pas de problème. Mais le rythme est plat. C’est très monotone. Lisez à voix haute : ça saute aux oreilles.

Maintenant écoutez, écoutez bien. Vous entendez la musique ? Le souffle, le rythme, les silences qu’imposent les virgules et les points ? Écoutez… Si une phrase est longue, très longue, et qu’on veut la lire à voix haute, il faut absolument qu’elle tienne dans un souffle. Puis un silence. Une pause…

2.      Adapter le rythme aux enjeux de la scène décrite

Le rythme de vos phrases ne présente pas qu’un simple attrait esthétique, il sert aussi à donner du corps à la scène que vous êtes en train de décrire.

Pour une scène haletante, par exemple, on optera pour un rythme très soutenu et saccadé.

Imaginons que votre héros soit poursuivi par une meute de loups. Bien sûr, il veut sauver sa peau, il est pris dans le feu de l’action, n’a pas le temps de réfléchir clairement. De plus, il est probablement essoufflé. Toutes ses impressions peuvent être retranscrites dans la structure même de vos phrases. Écrire ici de longs paragraphes descriptifs ne serait peut-être pas très judicieux.

A contrario, si vous écrivez une scène pleine de tensions, il est essentiel d’entretenir le suspense.

Imaginez à présent que deux personnages s’aiment sans jamais se l’être avoué. Ils se retrouvent seuls et meurent d’envie d’échanger un baiser, or, ni l’un ni l’autre n’osent faire le premier pas. Ici, on peut prendre le temps d’entrer dans les pensées des personnages, de décrire leurs émotions, l’excitation ou l’angoisse. La scène doit se mettre lentement en place pour prendre tout son sens et montrer son impact sur les personnages.

3.      S’affranchir des règles

Bien qu’une orthographe et une syntaxe impeccables soient souvent de mise lors de l’écriture de votre manuscrit, rien ne vous empêche de prendre quelques libertés.

N’oubliez pas que donner vie à une histoire, à un personnage, c’est aussi retranscrire un regard et une voix singulière.

Si votre narrateur (ou le personnage sur lequel le point de vue s’attache) est extrêmement sophistiqué mais un peu vieux jeu, il faudra adapter votre plume en employant des tournures alambiquées, des phrases longues et des expressions vieillies.

Si, au contraire, vous préférez donner vie à un personnage plus « brut », banal, vous songerez certainement à une prose plus « orale ».

Pour un personnage très ancré dans la réalité, vous rendrez compte des contractions, des tics de langages que l’on emploie quotidiennement : « j’suis » plutôt que « je suis », « en mode », « faut que » plutôt qu’il « faut que », « y a », « t’as vu », etc. Soyez attentifs à la manière dont les gens parlent dans la vie de tous les jours.

• Avec parcimonie, inventez des mots, détournez des expressions pour créer un langage qui vous est propre.

• Si votre scène s’y prête, mêlez les formes littéraires pour déjouer la linéarité de la prose. Poème, monologue, écriture scénaristique ou théâtrale, lettre, flux de pensée… C’est un exercice intéressant qui a déjà fait ses preuves : en témoignent les Exercices de style du célèbre auteur Raymond Queneau.

4.      Lire et relire à voix haute

Pour vous assurer que votre prose est solide, relisez-vous à voix haute. Cette méthode, certes un peu triviale, reste le meilleur moyen de mettre à l’épreuve vos textes.

Phrases trop longues ou bancales, manque de rythme, associations de sons peu harmonieux, répétitions intempestives, etc. : toutes ces petites maladresses vous sauteront aux oreilles.

Saviez-vous que Gustave Flaubert, reconnu pour son style d’écriture extrêmement travaillé, soumettait tous ses manuscrits à l’épreuve du « gueuloir » ? Il s’enfermait dans une pièce et déclamait ses textes le plus fort possible pour être certain que ceux-ci sonnaient parfaitement.

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N’oubliez pas que la recette secrète pour une prose impeccable n’existe pas ! Tout est une question de sensibilité et de subjectivité. Néanmoins, nous vous encourageons à lire et à mettre en pratique tous les conseils que vous pourrez trouver. Menez également vos propres expériences littéraires pour parvenir enfin à un style d’écriture singulier dont vous pourrez être fier.

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