Ça y est ! Vous avez mis un point final à votre manuscrit et l’avez relu avec un soin infini. Le voilà prêt à être envoyé aux maisons d’édition de votre choix. Pourtant, pas question de faire ça à la va-vite ! Il faut joindre à votre manuscrit une lettre d’accompagnement pour vous présenter, vous et votre œuvre. Cette étape cruciale demande beaucoup de soin : en effet, une lettre d’accompagnement peut faire la différence entre un manuscrit qui sera accepté ou pas.
Cette semaine, les Éditions Baudelaire font le point avec vous sur les bonnes pratiques pour faire de votre lettre d’accompagnement un véritable atout.
Vos coordonnées, des mentions obligatoires
Bien que cela puisse sembler évident, toutes les informations nécessaires à une prise de contact doivent apparaître dans votre lettre. En effet, le but de la démarche est avant tout que l’éditeur puisse vous donner sa réponse.
D’emblée, faites apparaître un bloc contenant toutes les informations suivantes :
- Votre nom et prénom
- Votre numéro de téléphone
- Votre adresse
- Votre adresse électronique
- Vos réseaux sociaux si vous avez réussi à rassembler préalablement une petite communauté de fans (facultatif)
Se projeter dans la maison d’édition contactée
Le premier paragraphe de votre lettre d’accompagnement doit montrer que vous n’avez pas choisi la maison d’édition à laquelle vous vous adressez par hasard. Il est donc question de prouver que vous êtes déjà familier avec la maison d’édition : expliquez, en quelques lignes, en quoi votre manuscrit s’inscrit dans la ligne éditoriale de la maison, laissez entendre que vous connaissez les valeurs fondamentales de la maison, mais aussi quelques-uns des livres publiés.
Si vous n’en avez lu aucun, ne faites pas semblant au risque de paraître très maladroit. Tâchez plutôt de construire un argumentaire aussi clair que concis qui répond aux questions suivantes :
- Pourquoi avoir contacté cette maison d’édition plutôt qu’une autre ?
- En quoi votre manuscrit est-il en adéquation avec la ligne éditoriale proposée ?
Présenter votre manuscrit
Très naturellement, la présentation de votre manuscrit émane de votre premier paragraphe. Il est à nouveau question d’être le plus synthétique possible : ne consacrez pas plus de 5 lignes à cette présentation. Inutile de brosser le plan détaillé de votre livre ou d’exposer, chapitre par chapitre, le déroulé des évènements. L’essentiel est que l’on comprenne l’enjeu principal du texte, que l’on saisisse très brièvement le déroulé de l’intrigue, mais aussi que votre synopsis soit accrocheur, sans pour autant faire la promotion de votre manuscrit.
Dans un second temps, vous pouvez faire part à l’éditeur de vos intentions d’écriture. Si le manuscrit s’inscrit dans un contexte particulier, mentionnez-le (à la suite d’un voyage, d’un sujet de recherche, d’une expérience de vie dont vous témoignez dans votre ouvrage, etc.).
Gardez à l’esprit qu’étant donné la brièveté de la lettre, vous n’avez pas le luxe de vous perdre dans les détails : seul ce qui est essentiel à la compréhension globale de votre projet éditorial doit apparaître.
N’hésitez pas à regarder des modèles de présentation de lettre.
Les mauvaises pratiques à bannir
Pour éviter de vous porter préjudice, certaines pratiques et formules de phrases sont à proscrire de votre lettre d’accompagnement, surtout s’il s’agit de soumettre à un éditeur votre premier ouvrage.
- Écrire plus d’une page : Nous ne pouvons pas assez insister sur ce point. La brièveté de vos propos n’est pas un « plus » mais un prérequis. Compte tenu du nombre de manuscrits réceptionnés chaque jour, votre lettre ne doit contenir que des informations essentielles et utiles pour l’éditeur, au risque de ne pas être lue.
- Auto-promouvoir son manuscrit avec prétention ou fausse modestie : Rien n’est plus odieux à lire qu’une lettre suffisante. Que vous soyez fiers de votre travail est tout à fait compréhensible, pour autant, c’est à l’éditeur d’évaluer la qualité de ce travail. Optez plutôt pour une posture sobre et factuelle lors de la rédaction de la lettre d’accompagnement. Évitez à tout prix les commentaires faussement critiques, comme on peut parfois en lire sur les quatrièmes de couverture : « un roman poignant et d’une très grande profondeur », « une aventure qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page », « un témoignage bouleversant », etc. N’oubliez pas que le but n’est pas de faire la pub de votre manuscrit, mais bien de le présenter le plus objectivement possible. Bertrand Py, directeur éditorial chez Actes Sud déclare dans une interview de Lire Magazine : « Ne vendez pas votre manuscrit en l’accompagnant d’une note d’autosatisfaction, d’une quatrième de couverture dithyrambique ou d’un argumentaire de marketing en douze points. »
- Ne pas entrer dans des détails trop personnels : Inutile de préciser à l’éditeur que votre livre a reçu un accueil très favorable auprès de votre cercle de connaisances, que vous avez à tout prix besoin de faire publier ce livre pour pouvoir récolter un bénéfice financier. Ces informations, en plus de ne pas être pertinentes dans une démarche éditoriale, peuvent parfois même vous desservir. La sobriété doit être un mot d’ordre : n’oubliez pas que vous engagez une démarche professionnelle avant tout.
- Faire de l’humour ou du zèle à outrance : Si cela va de pair avec l’esprit de votre manuscrit, une touche d’humour peut être appréciée. En revanche, l’humour n’est pas au goût de tout le monde : à vos risques et périls ! Quoi qu’il en soit, n’essayez pas de « séduire » l’éditeur avec un ton zélé et convivial : ce n’est pas l’endroit pour se livrer à ce genre d’exercice. Évitez toutes les formules du genre : « J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire ce manuscrit que j’en ai eu à l’écrire ».
- Envoyer la même lettre à tout le monde : Vous l’aurez compris, une lettre d’accompagnement est intrinsèquement liée à la maison d’édition à qui elle est destinée. C’est un document personnalisé qu’il faut adapter à chaque envoi.
- Prendre directement l’éditeur à partie : On ne lit que trop souvent des lettres d’accompagnement assez injonctives qui incitent l’éditeur à « prendre le temps de lire le manuscrit jusqu’au bout » ou demande « un retour détaillé ». Comprenez bien que le nombre de manuscrits reçus chaque jour est tel qu’il est extrêmement difficile de satisfaire de telles demandes, malgré toute la bonne volonté dont pourrait faire preuve votre interlocuteur. Les formulations comme « lisez pour en découvrir la suite », « vous allez adorer » ou « j’aimerais votre avis sur le manuscrit ci-joint » sont donc à proscrire.
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En suivant ces bonnes pratiques pour la rédaction de votre lettre d’accompagnement, vous mettez toutes les chances de votre côté. Gardez à l’esprit que cette première prise de contact avec l’éditeur a pour but de présenter votre manuscrit de la manière la plus professionnelle, claire et succincte possible. Mieux vaut ne pas prendre cette étape à la légère : il n’y a pas de seconde chance pour laisser une bonne première impression !